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Culture et Patrimoine en Côte Vermeille
4 avril 2016

LES ORIGINES EXTRAORDINAIRES DE 123 NOMS DE NOS VILLAGES par Michel SAUVENT

Pour donner suite à la conférence du 3 avril 2016 par Michel Sauvant

 affiche conférence du 03

LES ORIGINES EXTRAORDINAIRES DE 123 NOMS DE NOS VILLAGES

au IVe siècle au temps de la christianisation

 

Michel Sauvant a présenté un premier extrait de son étude d'un substrat toponymique (="ensemble de noms de lieux créés à une époque donnée dans une région précise") ayant des caractéristiques extraordinaires.
Les noms de lieux de ce substrat ont été créés par des érudits en ensembles de plusieurs lieux créés au même moment pour donner des informations sémantiquement différentes de celles aux origines des noms de lieux habituels.
Ces ensembles donnant du sens aux noms qui les composent sont nommés "assemblages".

Ce substrat toponymiquen'a été mentionné dans aucun écrit.
Michel Sauvant l'a découvert en refaisant l'analyse linguistique de tous les noms de lieux qui avaient déjà fait l'objet d'études au XXe siècle ; mais il y a ajouté son expérience de la systémique (= "étude simultanée de choses ou d'êtres ayant des relations diverses et souvent complexes entre eux dès leur création").

 

Les noms de ce substrat furent créés en latin au IVe siècle. Les significations de leurs origines sont en lien direct avec des faits liés à la christianisation très rapide à cette époque.

Ce substrat occupe un territoire (bassins Agly, Têt, Tech) qui a pu être rapproché du 1er diocèse d'Elne dont les limites sont mentionnées en fin de VIIe siècle par l'archevêque Julien de Tolède.

Ce substrat a été créé durant un siècle par 3 érudits gallo-romains ayant des responsabilités dans les mines et forges du Conflent ; l'existence, à partir du 1er siècle de notre ère,  de tels établissements a été prouvée par des archéologues. Par ailleurs Michel Sauvant a pu identifier ces 3 auteurs via leur oeuvre.

La plupart des origines de noms de lieux dites "obscures" dans les ouvrages d'auteurs ont été résolues.
Les noms auxquels étaient prêtées des origines dites "germaniques" ou "ibéro-basques" ont maintenant des origines latines bien mieux argumentées.

Et surtout des origines plus anciennes ont été trouvées à des noms qui avaient été remotivés, durant le Haut Moyen-âge, en noms d'usage courant du fait d'une ressemblance phonétique ; il est probable que les noms érudits initiaux n'avaient pas gardé leur intégrité, et donc leur sens, après 2 à 4 siècles.

 

Michel Sauvant a déjà reconstitué les origines et les évolutions passées d'au moins 800 toponymes et les origines d'au moins 200 sanctuaires chrétiens ; ceci grâce aux nombreuses relations sémantiques et topographiques qui ont pu être retrouvées entre ces noms du fait qu'ils avaient été créés en assemblages.


La conférence a présenté le plus ancien de ces assemblages : une chronique chrétienne des années 304 à 359, mémorisée par le 1er érudit dans 105 noms ; ses caractéristiques ont été présentées dans 18 autres noms par le 2e érudit, fils de l'autre. Parmi ces 123 noms il y avait des phrases mémorisées dans 3, 6 ou 12 noms de lieux proches (environ 1 à 4 kms).
Les phrases se succèdent sur le territoire dans l'ordre de leur création selon une logique géographique.
Environ 95% des noms présentés sont aujourd'hui des noms de villages ou de hameaux, du fait que les noms initiaux, comme cela est précisé dans une phrase, avaient été donnés à des grandes propriétés terriennes gallo-romaines. Les noms disparus aujourd'hui étaient encore cités au Moyen-Age. À noter que 109 noms parmi les 123 sont des noms de communes.

Parmi ces phrases, cachées dans les noms, 4 citaient un passage de la Bible.
Les faits relatés dans les autres phrases ont pu être rapprochés de faits réels chrétiens attestés par les historiens du paléochristianisme. La conférence a été l'occasion de rappeler ces faits historiques concernant la chrétienté à une époque où le christianisme se répendait très vite. Ainsi une phrase cite la reconnaissance du christianisme comme religion autorisée (en 313); et d'autres phrases font part d'événements liés aux débats entre "nicéens" et "ariens" sur la nature du Christ.

L'origine latine reconstituée du nom de Collioure a été présentée : *Cautione *liberi  ( = par les droits de l'homme libre. NB. Le droit romain distinguait hommes libres et esclaves); ce nom créé vers 340 est devenu le Caucoliberi de Julien de Tolède (VIIe s.) ; de plus dans le nom catalan Cotlliure on retrouve la trace du Caut- initial ainsi que l'évolution naturelle du mot latin liberi devenu lliure en catalan. Le nom faisait partie de la phrase suivante : "Celui qui est puni par mise aux fers / doit être couvert / par les droits de l'homme libre" (sous entendu "s'il n'est pas un esclave"). N.B. Le traitement humain des hommes libres punis d'emprisonnement est une des revendications des chrétiens, alors qu'ils deviennent  très majoritaires dans l'empire : mais la référence aux droits précis (nourriture, temps de la peine,...) reste à trouver.

Le nom de Banyuls n'était dans les 123 noms présentés, mais il fait partie d'un assemblage de plusieurs dizaines de noms dans le massif des Albères présenté dans la 2e conférence d'un cycle de 4 conférences

 

 

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